samedi 23 août 2008

Une journée inoubliable au milieu de la brousse

Avec l'arrivée de Sebastien, mon référent technique au siège de la Croix-Rouge, nous avions décidé d'aller rendre visite à nos équipes en poste "sur le terrain", dans la brousse burkinabè.

Départ pour Gaoua, petite "ville" du Sud-Ouest du pays, touchant à la côté d'Ivoire. Cette partie du Burkina est particulièrement verte (surtout en cette saison des pluies) et quelques collines apparaissent dans le panorama.

L'arrivée à Gaoua fut sympathique avec un bon "riz gras" dans une petite auberge de la ville. Ensuite, le protocole oblige en Afrique... quand on est de passage dans une ville, il faut aller saluer les autorités. "Visite de courtoisie", ils appellent ça. En gros, c'est dire "Bonjour, ça va? ça va bien et vous? Et le service? Et les activités à Ouaga? Et la traversée, ça s'est bien passé? " et hop emballé. On avait fait notre devoir.
Au début, ces cérémoniades m'exaspéraient un peu mais maintenant j'ai trouvé un côté charmant à ce petit moment d'accueil formel... On s'habitue à toutes ces coutumes!

Petit saut à la "banque" de la ville avec laquelle nous traitons, afin de faire prendre conscience à Sebastien qu'obtenir des documents officiels provenant de nos équipes, alors même qu'on ne peut trouver aucun ordinateur au sein de cette "banque" n'est pas une mince affaire.

Le lendemain, c'est le grand jour, le 19 août, dont nous nous souviendrons tous! En route pour un des villages où nous travaillons, 80 km de piste (enfin quand il y en a une). A l'arrière du véhicule 4*4 nous discutons tranquilles lorsque tout à coup nous nous sentons pencher à gauche et bloquer... Nous descendons du véhicule et pouvons observer que nous sommes embourbés, mais bien embourbés !

Forts de notre volonté, nous nous attaquons à cette voiture, dégageons les roues, coupons des branches d'arbre pour dégager la sortie de la roue (je suis devenue une pro mtnt), mais au bout de deux heures d'efforts, nous sommes obligés de nous rendre à l'évidence, cette voiture ne sortira pas sans une autre aide. Une idée émerge... Un tracteur est peut-être disponible dans le village d'à côté. Nous décidons de nous séparer, une partie de l'équipe essaie d'atteindre le village à 7 km à pieds et un des membres de notre équipe part essayer de convaincre le tracteur de venir nous aider.

Seulement voilà, à ce moment là la pluie commence à nous battre. Elle ne s'arrêtera pas avant 4h. Nous marchons et arrivons trempés au village (quand il pleut ici, il pleut!).
Une fois au village, nous rencontrons la population du village dont les activités nutrition sont presque terminées. Les enfants malnutris du programme ont été pesés, mesurés, la bouillie, complément alimentaire, a été préparée et distribuée. Les enfants la boivent avec plaisir (voir les photos). Nous discutons avec les mamans et les chefs du Comité villageois nutrition que nous avons créés.

Ensuite, nous attendons sagement l’arrivée du véhicule qui ne devrait plus tarder, le tracteur l’ayant sorti de sa boue (devenue vraiment molle avec les 4h de pluie supplémentaire)… mais rien n’arrive ! Un jeune à vélo nous apprend qu’en fait… le tracteur s’est lui aussi embourbé en voulant se positionner pour tirer notre 4*4!

Là, le chef du village dit que le bon dieu nous jette un sort… Il ne voulait pas que l’équipe Croix-Rouge descende dans leur village peut-être. Malheureusement, le féticheur était en Côté d’Ivoire justement. Pas grave, il décide d’emporter 3 poulets pour les sacrifier près du véhicule, espérant que ça l’aiderait ! Bon, il emmène également 40 hommes du village qui nous rejoignent au véhicule et au tracteur.

Deux heures passent, et les prières du chef du village et/ou l’énergie des jeunes du village ont permis de… nous donner espoir.
En effet, a coup de « pousser, tirer », la voiture a fini par sortir… 3 secondes pour aller s’embourber à nouveau 3 m plus loin !

Cette fois, impossible de la faire sortir… il fait noir, nous sommes tout mouillés au milieu de la brousse. Nous décidons de prendre la route à pieds (attention serpents… nous avons mis des botes) vers un village à 10km où potentiellement, un taxi brousse pourrait éventuellement nous ramener à Gaoua. Le chauffeur est resté et il se chargera de rallier les hommes le lendemain matin pour faire sortir ces deux véhicules ! Ouf, le chauffeur de taxi accepte, malgré le fait qu’il fait noir. On met de l’essence à la bouteille dans le véhicule et en route pour 3h de 30km/h afin d’arriver (note que je préférais ça vu l’état des freins) !

Vers minuit, nous atteignons Gaoua et constatons que notre hôtel est fermé. Nous a-t-on oubliés ? Heureusement, non, nous passons la grille et le gardien nous accueille nos clés en main, non contents de pouvoir prendre une petite douche après une journée si éprouvante !

Aucun commentaire: