jeudi 28 février 2008

Parc de la Pendjari, visite parents Jo

Cette fois, ce sont mes parents et Lucie, ma petite soeur, qui sont venus nous rendre visite. Après avoir un peu cogité, j'avais décidé de les emmener visiter ce qui est considéré comme la plus belle réserve d'Afrique de l'Ouest : le Parc de la Pendjari au Bénin. C'est la saison idéale pour voir les animaux et puis comme ça, nous aussi on découvrait de nouveaux coins.

Mais avant, en route pour l'un des villages les plus célèbres du Burkina : Tiébélé. On me l'avait décrit comme un endroit un peu trop touristique mais à ne pas rater. Elo n'était de la partie, la faute à un quota limité de congés (ben oui, on rentre trois semaines pour vous voir en mai alors, ça réduit pas mal...).

Comme vous ne le savez pas, nous n'avons pas de voiture. Bon, ok Elo en a une mais c'est à la Croix-Rouge, elle ne peux pas aller à plus de 50km de Ouaga avec, c'est pas un 4x4 et je ne peux pas la conduire. Tout ça pour dire que pour visiter le pays, ils nous reste deux solutions : les bus ou la location d'un 4x4 (souvent avec chauffeur obligatoire).

Pour visiter le parc de la Pendjari le choix se réduit à zéro puisque vous imaginez bien qu'il n'y pas le TEC dans le parc, par contre pour rejoindre Tiébélé, l'option bus est envisageable.

Nous voilà donc embarquant dans un de ces merveilleux petit bus de la STMB. Pas une camionnette mais pas un autocar non plus... Un fois que toutes les places sont occupées, on ouvre des strapontins dans l'allée centrale, ce qui fait qu'une fois qu'on démarre, y'a plus moyen de bouger de son siège jusqu'à l'arrivée... Les bagages ? Les chèvres ? Les vélos ? Sur le toit voyons !

Deux heures et demi de route (entrecoupées par quelques traversées d'âne, de chèvres, de vaches etc...) et nous voilà à Pô, ville frontière avce le Ghana. Reste maintenant à trouver un taxi-brousse pour nous emmener à Tiébélé à une trentaine de km. Une merveilleuse Peugeot 305 de trente ans d'âge fera l'affaire. Le temps de remonter la roue manquante et de remplir quelques bouteilles d'essence -et pour nous de visiter le marché de Pô- et nous voilà parti pour une heure et demi de piste.

Tiébélé et la fameuse cours royale se révèlent superbes (voir photos) et pas si pourri que ça par le tourisme; on est à peu près les seuls dans le village et je constate une fois de plus que la mention 'touristique' au Burkina est très relative. Nous logeons à l'auberge Kunkolo, dans ces cases rondes au toit plat. Avec Lu, on tente de passer la nuit à la belle étoile, sur le toit de la case mais faute de couverture, nous devons battre en retraite à deux heure du mat'. Le lendemain matin, nous faisons un saut sur les rives du marigot (comprenez le lac) avant de reprendre la route de Ouaga.

Le lendemain matin, tous en voiture, pour le Bénin. Pour le coup nous partons avec l'Agence Tourisme* et notre Barracuda à nous s'appelle Paul. Il est chauffeur mais surtout le guide, et se révèlera un incroyable pisteur une fois dans le parc. Le midi, étape à Fada 'N Gourma, visite du marché avant de continuer vers la frontière.

Arrivée à Porga, dernier village avant la réserve et entrée du Parc. On décide de profiter de la dernière heure de soleil pour faire un première ballade dans le parc. Paul nous préviens que c'est une zone tampon où la chasse est autorisée. "Ok, on verra !". Maigre buttin puisque nous apercevrons à peine un cobbe et deux phacochères. L'enthousiasme retombe un peu et on se demande déjà si on va vraiment voir des animaux...

Heureusement les deux jours qui suivent se révèlent très riches en rencontres. Que les choses soient clair, le parc n'est pas un zoo. Il abrite des animaux sauvages qui ne sont jamais deux fois au même endroit. Notre chance est que la saison est idéale; il fait sec, les herbes hautes sont rares et les animaux un peu moins vifs. Et puis Paul connait le Parc comme sa poche, il vient ici depuis 15 ans et est capable de pister un lion ou un troupeau d'éléphant pendant deux heures tout en nous montrant des tas d'autres animaux. Vous l'aurez compris on a vu beaucoup beaucoup d'animaux...mais je vous laisse découvrir tout ça en photo.

Après deux jours et demi dans le parc, nous prenons doucement le chemin du retour. Nous sortons du parc pour rejoindre l'incroyable cascade de Tanagou où une baignade s'impose avant de rentrer au Burkina. Dernière surprise pour nos voyageurs, nous allons passer la nuit dans un endroit magique : l'île de Tagou.

En janvier, un français un peu fou a ouvert un campement (comprenez un p'tit hôtel) sur une île granitique au beau milieu du barrage de la Kompienga (Pama). J'en avais entendu beaucoup de bien (merci JC !) et je voulais absolument aller voir ça. WA-OUW quel endroit...

Arrivés au coucher du soleil, on embarque dans la pinasse (grande pirogue) pour rejoindre l'île. Les blocs de granit comme tombés du ciel dessinent des silhouettes surprenantes; serait-ce l'île le Pâques ou les Seychelles ? Non juste l'île de Tagou !

Le lendemain matin le spectacle est grandiose (voir photos mais c'est encore mieux en vrai) et le calme omniprésent. Petit déj' au sommet de l'île et baignade sur un petite plage naturelle. Re-pinasse, re-piste et nous voilà chez les peuls pour une petite visite de courtoisie. Ces éleveurs nomade sont célèbres pour leur maison de voyage ('en kit') et l'élégance de leurs femmes. Réputation bien méritée. Là aussi, voir photos.

Notre voyage se termine déjà, Ouaga nous attend...

Epuisés et mais ravis nous sommes de retour à Ouaga. J'emmène le paternel faire un tour en moto pour régler une histoire de billet d'avion. Lui, le motard aguerri jure de ne plus jamais rouler en moto à Ouaga. Et oui, la moto ici, c'est du sport !

Je ne résiste pas à l'envie de présenter ma famille à l'équipe de Manivelle et d'organiser un tour des bureaux. très sympa, évidemment.

Mais un p'tit saut dans le centre s'impose quand même avec toute la clique. Je redoute un peu ça et comme je m'y attendais, très vite c'est la ruée... Quatre blancs qui se baladent à pied et qui en plus achètent de temps en temps, ça passe pas inaperçu. On se fait poursuivre par une horde de petits vendeurs de plus en plus collants avant de se faire carrément emmerder par deux trois crétins agressifs. Rien de bien grave mais une mauvaise image du Burkina. Effets pervers du tourisme, oui sans doute mais il ne faut pas oublier que pour beaucoup la vie est très dure ici. Chez quelques uns ça s'exprime de façon agressive. C'est dommage mais ce n'est qu'une infime minorité de jeunes un peu paumés, les burkinabés sont vraiment charmants d'habitude.

Le village artisanal se révèle un endroit beaucoup plus cool pour les derniers achats et on peut y admirer les artisans au travail.

Au final, un voyage un peu éprouvant mais multiple et maginfique pendant lequel on aura découvert plein de choses et d'endroits très différents. Nous rentrons tous avec la tête remplie d'images et je vous invite à en découvrir quelques unes...


* J'avais pensé dans un premier temps organiser le voyage moi-même mais en additionnant tous les frais (location véhicule, carburant, logements, bouffe, entrées du parc + guide, etc...) j'arrivais à peu près au même montant. Cette agence propose des voyages à la carte, j'ai donc fait mon itinéraire et ils se sont occupé du reste. De plus un guide est absolument nécessaire si vous voulez voir quelque chose dans le parc (voir ci-dessus).

dimanche 17 février 2008

samedi 16 février 2008

Quelques expressions déroutantes...

La journée commence par :
" Bonne arrivée"
"C’est comment ?"
" Et la santé ?"
"Et la famille"
"Et chez vous?"
" Et le froid ? ", (car c’était l’hiver ici, 15° la nuit !)
" Et la matinée, c’est comment ? "

La réponse est "bien merci" (même si ça ne va pas) ou "un peu, un peu"

Et ça peut déjà durer 10 minutes par personne pour savoir si tout va bien chez elle, si sa santé est bonne, si tout va bien dans sa famille.

Dès 14h, le rituel est similaire mais avec :

" Bonsoir ", (assez bizarre au début mais on s'habitue vite au point de s'étonner à dire "bonsoir" à 7h du matin!)

" Pas de problème " ou encore " y a même pas de problème ", même si ton interlocuteur sait pertinemment bien que la table qui devait être livrée il y a deux semaines ne sera toujours pas prête ce soir...

" La voiture est gâtée ", entendez : elle ne démarre plus (ce qui arrive souvent avec la vieux taco qu’on vient d’acheter pour la mission). Ca marche pour tout, l'assiette est gatée (=je viens de casser l'assiette).

" je vais LES apprendre moi, ce que c’est que de travailler dans les villages, sans électricité ni eau"
" Y a quoi ? tantie ? ", Qu’est ce qu’il se passe, madame ?

Sans début de phrase, sujet ou contextualisation

" d’ajouter 100 francs " ou à l’inverse
" de diminuer "
" d’amener riz "
" d'amener unités? " (de téléphone)
"d'amener lotus?" (ce que les enfants de la rue nous vendent au carrefour)
" 100 francs, 100 francs"

"si je peux gagner une batterie, je peux brancher télé pour voir chez moi"." ou encore "J'ai gagné un collègue" (j'ai un nouveau collègue).

Lorsque tu sors de Ouaga, on te dira : « Bonne traversée ! », comme si on traversait la mer, inexistante au Burkina, et on dira de alors de toi « il a voyagé »

"Je vais demander la route", je vous demande la permission de quitter les lieux.


Donc "bilfou", soit "à la prochaine" en mooré!

lundi 11 février 2008

Mais finalement qu’est ce qu’on fait au Burkina Faso ?



En ouvrant certains blogs d’amis d’amis, on se met souvent à chercher « qui est qui », qu’est ce que ces gens font là-bas et pourquoi ils racontent tout ça.

Un peu de contextualisation ne fait jamais de mal ! Alors pour ceux qui se demandent ce que ces deux belges sont venus faire à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, voici quelques explications.

Nous sommes Jo et Elo, deux citoyens belges, en mal de voyage. Cela fait deux ans que ça nous trottait dans la tête, nous voulions travailler dans un pays du Sud. Une même envie, au même moment… il fallait sauter sur l’occasion !

Et c’est ce que nous avons fait.
Moi-même, passionnée par l’humanitaire depuis ma sortie des études, je rêvais de pouvoir être confrontée aux « réalités du terrain ». C’est bien beau l’humanitaire de l’Europe mais c’est encore mieux de pouvoir le vivre au quotidien dans les pays pour lesquels on s’investit.

Jo, journaliste de formation, avait envie, lui aussi de faire du terrain. Un terrain différent de celui de l’humanitaire mais un terrain de journaliste qui prend lui-même les images qu’il souhaite faire partager. Envie de mouvement, de vie, d’images réelles.

En mars dernier, nous essayons donc de concrétiser tout cela. La Croix-Rouge devrait justement ouvrir un grand projet au Burkina Faso et un poste allait dès lors s’ouvrir.

Après quelques lectures sur le pays, le Burkina que nous ne connaissions pas vraiment, nous tente bien !

Quelques remous avant la proposition finale qui tombe le 3 août 2007 ! Nous partons le 1er septembre…

Jo cherchera alors sur place un boulot dans le milieu du documentaire ou du film. De contact en contact, il tombera sur Manivelle, une petite boite qui produit films et documentaires. Une équipe d’enfer qui lui apprend un nouveau métier, celui de reporter …..

Nous voilà donc partis pour un an et demi, au beau milieu de l’Afrique de l’Ouest, à Ouagadougou, où tous les deux, chacun dans nos boulots respectifs, nous vivons une expérience extraordinaire. Quant à la découverte en couple d’un nouveau pays, d’une nouvelle culture, elle a quelque chose de magique !
Elo

mercredi 6 février 2008

Les classes de la seconde chance



Réalisation : Paratéba Yaméogo & Joffrey Monnier
Production : REPTA & Manivelle Productions

Voici donc mon premier 'vrai' reportage. C'est le résultat de ce qu'on avait tourné au Niger avec Paraté. Bon, y'a encore quelques petites modifs à faire, notamment au niveau du son mais dans l'ensemble, c'est ça. Alors, votre avis ?


Bientôt diffusé sur la RTBF et sur TV5... >> Voir les horaires de diffusion<<

samedi 2 février 2008

Et au boulot, ça donne quoi?


Certains ont pu lire entre les lignes, d’autres ont reçu des mails où je racontais et expliquais mon état d’esprit, mes états d’âme après ces quelques premiers mois de première mission.
En toute franchise, ce ne fut pas simple !
Ma cheffe à Bruxelles m’avait prévenu : « je n’ai jamais connu quelqu’un pour qui les 3 premiers mois d’une première mission de terrain n’étaient pas difficiles… ».

Et elle n’avait pas tort ! C’était dur, très dur. D’abord parce que c’est vrai que tout est nouveau : le pays, la culture, le métier. Et il faut s’habituer à tout ça.

Mais aussi parce que cette mission-ci était particulièrement complexe.
En effet, mon arrivée coïncidait avec une « ouverture de mission », comme on dit dans le jargon de l’humanitaire, ce qui signifie qu’il n’y avait pas d’expatrié sur place disposant de maisons, de bonne adresses, de personnes de contact, de noms de fournisseurs, de réseau en fait…

Ensuite, le projet pour lequel on m’envoyait était très très, trop ambitieux tel que conçu au départ. Ma collègue, cheffe de projet nutritionniste, arrivée en même temps que moi, a d’ailleurs fini par jeter l’éponge tellement les choses paraissaient complexes, voire impossibles à mettre en place.
Mi-novembre, elle a donc quitté le pays, me laissant seule belge à la tête de la mission Croix-Rouge de Belgique au Burkina Faso avec ce projet
La dernière chose qui compliquait la situation est le fait que le partenariat avec la Croix-Rouge burkinabè n’était pas défini, de sorte que c’était à moi de « tenter » de définir un mode de fonctionnement et de communication avec le Directeur national de cette dernière. Ceci n’était pas une mince affaire du haut de mes 27 ans !

Heureusement, certaines personnes m’ont aidé à tenir le coup. Tout d’abord, le siège de la Croix-Rouge à Bruxelles m’a toujours soutenue et a été très à l’écoute de mes préoccupations par rapport à la mise en place de ce programme. Il y a d’ailleurs eu 3 visites de membres du personnel qui avaient pris conscience du défi dans lequel nous nous étions, Croix-Rouge de Belgique lancés. Naziha, une charmante collègue est d'ailleurs venue appuyer le projet pendant un mois et a aidé à redéfinir ce dernier en vue de le rendre plus réaliste. Pendant ce temps, le travail avec elle était déjà plus facile.

Finalement, c’est certain que sans la présence de mon amoureux à mes côtés, je n’aurais franchement pas tenu le coup ! Il a donc subi mes sautes d'humeur pendant ces quelques mois...

Aujourd’hui, les choses vont beaucoup mieux. Un chef de projet burkinabè a enfin été engagé. Idrissa est maintenant à la tête de ce projet pour le volet opérationnel. Ma cheffe, envoyée par la Croix-Rouge de Belgique est arrivée. Rosine a 57 ans, elle a déjà vécu 12 ans en Afrique et connait bien le fonctionnement de missions telles que celle que nous essayons de mettre sur pied. Je lui ai très vite délégué toute une série de dossiers chauds comme la relation avec la Croix-Rouge Burkinabè ou les problèmes de politique salariale du personnel engagé sur nos projets.
Par ailleurs, ma collègue cheffe de projet nutritionniste vient d’être remplacée par un médecin congolais expatrié qui a déjà géré le même genre de projet au Niger. Il est en plus une personne très intéressante à écouter ! Il connait énormément de choses dans le domaine de la santé dans les pays en développement, et ça, moi, ça me passionne…
Le dernier point noir à résoudre était le poste de logisticien, un poste tenu par un burkinabè, soit la personne qui s’occupe de tout le matériel à acheter, de l’approvisionnement des vivres à distribuer dans les villages. Siaka, un ancien militaire est arrivé ce lundi. Il a l'air très efficace. Equipe au complet donc maintenant !

Ouf, toutes ces personnes qui semblent à première vue très compétentes chacune dans leur domaine vont pouvoir venir reprendre une partie du travail qu’à défaut, je devais, mais ne parvenais pas à assurer.

Je vais donc pouvoir me concentrer sur les deux nouveaux projets que nous lançons cette année 2008 : projet d’accueil et d’écoute des "filles des rues" et projet de prévention contre l’exploitation et le trafic des enfants ! Quand il n’y en a plus, il y en a encore !
Elo


J'en profite pour vous signaler que j'ai (enfin) mis les photos de ma mission en ligne. Il n'y en a pas beaucoup et elles sont clairement moins belles que celles faites par Jo mais j'avais quand même envie de les partager avec vous.