mardi 11 décembre 2007

Elo dans le Sahel

De retour de ma mission dans le SAHEL, je me dois de vous faire part de mes impressions…

Si j’ai eu à un moment quelques doutes sur notre projet de lutte contre la malnutrition (oui, oui, je me suis posée des questions quant à notre intervention à gros moyens, quant à la manière, les méthodes), là je peux vous dire que je n’en ai plus aucun quant à l’utilité du projet !

Le Sahel est une région aride, où des herbes jaunes grillées par le soleil jonchent le sol. Parfois, un épineux apparaît au milieu de ce paysage désertique. Après 3h30 de « goudron » pour atteindre LA ville du sahel où on trouve 2 auberges et 2 restaurants (avec du riz gras ou du riz sauce uniquement), notre gros 4*4 s’est embarqué sur la piste. Heureusement que nous l’avions ce 4*4 car sans cela, nous ne serions pas passés à travers les routes déviées dans le sable et les ponts détruits par les pluies torrentielles qui se sont abattues en août dernier. Au bout de 2h de piste, nous atteignons Sebba, le chef lieu de la province du Yagha.

Pas d’avion, pas de fleuve, pas d’hélico, pas de train, rien, rien d’autre que cette piste permet d’atteindre cette petite « ville ». De sorte que les habitants de ces régions vivent presque en autarcie (surtout pendant la saison des pluies quand la route est coupée). Ils ne peuvent manger que ce qu’ils cultivent et croyez-moi, on a du mal à croire que quelque chose puisse pousser dans ces sols.

Le mil est la seule céréale qui parvient à pousser. Pas un fruit n’accompagne le repas du midi composé de riz gras (riz ayant cuit dans le jus de gras de la viande), et du tho le soir avec une sauce à la viande et un zeste de concentré de tomate. On comprend qu’il y ait des carences en vitamines dans l’alimentation des populations.

De plus, les récoltes sont annoncées très mauvaises cette année, à cause d’une saison des pluies capricieuse. Dans trois mois, il n’y aura plus rien à manger, nous a-t-on dit…

Et les premières victimes sont les enfants, les femmes enceintes et allaitantes… voilà donc notre utilité ! Notez bien que ce problème semble être culturel car parmi mes 3 compatriotes de mission (M. Bakyono, membre du Conseil d’administration de la Croix-Rouge Burkinabè, Idrissa Ouedraogo, chef du projet, et Lassané, notre super chauffeur), pas un n’a envisagé de manger un seul fruit ou légume…

Alors, si même les plus éduqués de la société burkinabè ne s’alimentent pas très bien, je pense qu’au niveau des campagnes où les aliments se font encore plus rares, il va sans dire qu’il existe de gros problèmes de malnutrition !


Dans chacune des trois provinces que nous avons visitées, le Comité provincial de la Croix-Rouge nous attendait de pied ferme sous le baobab de l’auberge, ou dans une "cours intérieure", très courante ici. Une dizaine de volontaires Croix-Rouge, motivés, enthousiastes ainsi que nos deux agents techniques engagés par le projet (un animateur et une infirmière) étaient là également. Les réunions que nous avons tenues avec les équipes Croix-Rouge et les autorités (Le Maire, le Médecin chef de district, etc) étaient très intéressantes. Tous s'accordent à dire que ce projet est indispensable vu la situation nutritinnelle du pays.

Après une petite semaine de pause à Ouaga pour gérer les 18.000 démarches à faire pour faire avancer le projet, nous repartons ce samedi, vers le Sud-Ouest du pays pour visiter 4 autres provinces où nous intervenons. Et ceci avec la même équipe de choc ! 3 hommes et moi. Sacrée équipe, on se marre bien...

En tous les cas, ça fait du bien de sortir de Ouaga, de découvrir le « vrai » Burkina des campagnes !

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